Si vous aimez ce blog et voulez aider l'auteur, vous pouvez envoyer un don.

mardi 1 novembre 2016

Prière et mortification pour les missionnaires

[Dans les écrits de Sainte Thérèse de Lisieux]

Au Père Adolphe Roulland.

J.M.J.T.
23 juin 1896
Carmel de lisieux
Jésus +

Mon Révérend Père,

J'ai pensé que je serais agréable à notre Bonne Mère, en lui offrant le 21 Juin, pour sa fête, un corporal et un purificatoire […]. C'est à cette Vénérée Mère que je dois le bonheur intime d'être unie à vous par les liens apostoliques de la prière et de la mortification, aussi je vous supplie, mon Révérend Père, de m'aider au Saint Autel à lui payer ma dette de reconnaissance.
Je me sens bien indigne d'être associée spécialement à l'un des Missionnaires de notre Adorable Jésus, mais puisque l'obéissance me confie cette douce tâche je suis assurée que mon Céleste Epoux suppléera à mes faibles mérites (sur lesquels je ne m'appuie aucunement) et qu'Il exaucera les désirs de mon âme en fécondant votre apostolat. Je serai vraiment heureuse de travailler avec vous au salut des âmes; c'est dans ce but que je me suis faite carmélite; ne pouvant être missionnaire d'action, j'ai voulu l'être par l'amour et la pénitence comme Sainte Thérèse ma séraphique Mère... Je vous en supplie, mon Révérend Père, demandez pour moi à Jésus, le jour qu'Il daignera pour la première fois descendre du Ciel à votre voix, demandez-Lui de m'embraser du feu de son Amour afin que je puisse ensuite vous aider à l'allumer dans les coeurs.
Depuis longtemps, je désirais connaître un Apôtre qui voulût bien prononcer mon nom au Saint Autel le jour de sa première Messe... Je désirais lui préparer moi-même les linges sacrés et la blanche hostie destinée à voiler le Roi du Ciel... Ce Dieu de Bonté a voulu réaliser mon rêve et me montrer une fois de plus combien Il se plaît à combler les désirs des âmes qui n'aiment que Lui seul.

Si je ne craignais d'être indiscrète, je vous demanderais encore, mon Révérend Père, d'avoir chaque jour au Saint Autel, un souvenir pour moi... Lorsque l'océan vous séparera de la France, vous vous rappellerez en regardant la pale que j'ai peinte avec tant de bonheur, que sur la montagne du Carmel une âme prie sans cesse le Divin Prisonnier d'Amour, pour le succès de votre glorieuse conquête. Je désire, mon Révérend Père, que notre union apostolique ne soit connue que de Jésus seul, et je réclame l'une de vos premières bénédictions pour celle qui sera heureuse de se dire éternellement

Votre indigne petite soeur en Jésus-Hostie
Thérèse de l'Enfant Jésus de la Ste Face
rel. carm. ind.

samedi 1 octobre 2016

Union à Dieu

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

13 août 1875.

Ah! comme on a dit vrai : « Le plaisir de mourir sans peine, vaut bien la peine de vivre sans plaisir ! » Et encore dans le cloître, si l’on vit sans les plaisirs du monde, plaisirs faux et trompeurs, sources de remords ou abîmes de vide, on ne vit pas sans joie et sans consolation, certes : Pas de joies plus innocentes, pas de consolations plus franches, pas de cordialité plus solide et plus vraie, que celles qui sont la part de l’aine religieuse dans sa famille spirituelle. Que dire aussi de cette union à Dieu? Cette union qui fera son bonheur au ciel ne peut pas manquer de faire son bonheur, ou plutôt de commencer son bonheur sur la terre, dans une vie où cette union est si intime, parce que tout y tend, et que rien ne l’entrave. « ø Dieu, quelle « abondance de douceur avez-vous réservée « pour ceux qui vous craignent! Qu’êtes-vous « donc, pour ceux qui vous aiment, et qui vous « servent de tout leur coeur (1)...? » Ce n’est pas pour rien que Dieu a promis le centuple en ce monde, avec la vie éternelle dans l’autre, à ceux qui quittent tout pour le suivre; tout, et ce divin Maître daigne lui-même énumérer ce tout. Son père, sa mère, ses frères, ses soeurs, son époux, ses proches, ses champs, ses biens, et même son âme, c’est-à-dire l’amour de soi-même et de sa vie. Il nomme tout ce qu’il y a de cher et de sacré, pour que nous restions sans excuses, et que nous sachions bien que rien ne prévaut contre ses droits ni la tendresse d’une mère, ni la désolation d’un père, ni la douce affection des soeurs, ni rien de ce que la nature et le monde peuvent avoir pour nous de meilleur et de plus attrayant.

(1) Imit., L. 3, ch. 10.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

mercredi 7 septembre 2016

Une éternité de bonheur!

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

13 mai 1874.

Courage! Jésus est content de votre bonne volonté ! Pour nous, soyons contentes de Lui, parce qu’il est souverainement parfait et aimable! et soyons mécontentes de nous, parce que nous ne sommes que néant et misères. Nous faisons ce que nous pouvons et encore avec mifie imperfections et ce que nous pouvons n’est rien; heureusement, le Coeur miséricordieux de Jésus regarde non tant à nos actes qu’à nos intentions et au fond de notre volonté que sa grâce maintient unie à Lui. Plus l’union grandit, plus nos misères nous sont dévoilées; nous sommes ténèbres, et plus nous nous approchons de Jésus qui est la vraie Lumière, plus nous voyons clairement nos plaies et nos innombrables imperfections. Plus l’union à la sainteté deviendra étroite, plus le contraste avec notre immense misère, avec notre néant pécheur, nous apparaîtra grand ! Mais, si nous sommes bien humbles, Jésus couvrira tout du manteau de son sang, de ses mérites, de ses miséricordes, et un jour au Ciel, du manteau de sa gloire Confiance !... Un peu de sacrifice, une éternité de bonheur! Un peu d’union douloureuse à Jésus-Victime, une éternité d’union ineffable à Jésus glorieux et triomphant ! C’est pour nous qu’Il a souffert... Oserions-nous l’aimer et ne pas vouloir de ses souffrances ? Voudrions-nous le suivre à la joie sans l’avoir suivi à la douleur !... L’amour ne pourrait souffrir un pareil choix. Et puis, l’amour qui veut l’union ne peut supporter les obstacles ces obstacles sont le misérable moi, la nature, l’amour-propre, l’esprit propre, etc... Sacrifions tout, détruisons tout, écartons tout ce qui gêne l’union intime de nos âmes avec Jésus ! Il en coûte, mais il en coûte encore plus de sentir un mur entre le Bien-Aimé et nos pauvres âmes. Plus rien que Jésus ! Qu’Il vous fasse cette grâce, demandez-la pour moi. Amour à notre Mère du Ciel ! Portez-Lui mon coeur et dites-Lui combien je L’aime.

Menez mon âme partout avec la vôtre.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

samedi 3 septembre 2016

Amour-propre

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

29 juillet 1876.

Bénissez Notre-Seigneur qui soulève un petit coin de ce malheureux voile de l’amour-propre, qui cache à l’âme ses grandes misères ; hélas ! qu’il est vrai pie la perfection prétendue du monde ne tient pas en face de la vérité, entrevue même au début de la vie religieuse ! ... Confiance dans l’humiliation du coeur; Dieu donne la lumière et la grâce; à nous de les suivre et d’en profiter dans l’humilité et la paix. C’est que ce doux Maître veut nous arracher nos haillons pour nous revêtir de lui-même. Aidons-le par la fidélité. Pour le moment, baignez-vous dans cette lumière qu’il vous a donnée, de votre pauvreté spirituelle, de vos défauts, de votre néant. Restez à ses pieds sous ce rayon, et répétez-lui humblement « Seigneur ! celle que vous aimez est malade... » Contentez-vous de vous humilier et d’être fidèle, si la grâce demande quelques petits actes. Le reste viendra plus tard; et la nature ne va pas céder en un jour... Mais tout est possible avec la grâce, avec la bonne volonté, et l’humble simplicité vis-à-vis des supérieurs...

A l’oeuvre donc ! Jésus qui vous a appelée des ténèbres du monde à son admirable lumière vous donnera la force ; et de son Coeur, votre asile et votre refuge, vous viendront la grâce, le salut et la paix.

Ayez devant les yeux l’humble et doux Jésus et faites effort pour l’imiter en son ton, ses paroles, ses procédés, ses démarches ; dites-vous souvent : « Je ne suis pas venue ici pour être servie, mais pour servir », et agissez en conséquence. Considérez-vous comme une pauvre, acceptée par charité, et prenez le ton, l’attitude et les manières qu’exige cet humble état. Chaque fois que l’habitude ou les ruses de l’amour-propre trahiront votre bonne volonté, humiliez-vous aux pieds de Notre-Seigneur et dites-lui : « Jésus doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre. » Et comptez que Satan vous voyant décidée à le combattre sur ce point qui répugne tant à son orgueil, vous attaquera plus fortement là-dessus. Mais, confiance. Jésus a vaincu le monde. et Satan, et par Notre-Seigneur, vous les vaincrez aussi pourvu que vous deveniez humble!

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]